Des jardin-forêts expérimentaux

Où collaborent humains et biodiversité

Entretenus par le collectif, 6 espaces jardin-forêt aménagés différement.

Un esprit principal néanmoins : le sens du Vivant et la perturbation intermédiaire.

En effet, les espaces “jardin-forêt” sont des lieux complexes, aux interactions multiples entre animaux et végétaux.

Si l’humain y espère une production alimentaire, il y souhaite aussi une vie foisonnante et spontanée.

Cela nécessite par conséquent une gestion différenciée, où l’on entretient nos favorites en conservant toujours des refuges.

En quelques chiffres :

1,5kg/m²

C’est le poids moyen de la vie dans les sols vivants.

Soit une dizaine de vaches sur un terrain de foot !

+ de 3000m²

C’est approximativement la superficie dédiée principalement à l’accueil de la biodiversité à la Forêt de Luhan !

Pérennité, résilience, biodiversité, équilibre et complémentarité entre annuel et perpétuel, temps pour les récoltes et la transformation de ce que la nature nous offre de manière ‘sauvage’… telles sont les motivations. Un jardin de plantes aromatiques et médicinales trouvera sa place dans le décor. Les poules participeront à l’équilibre du lieu. Une équipe de permanents ainsi que de nombreuses personnes, collectifs, associations, participent à la création de ce projet nourricier (jeunes, pensionnés, stagiaires, bénévoles, woofers,…).

Le jardin forêt est un jardin reproduisant la structure d’un jeune bois naturel. Il contient des plantes pérennes : arbres, arbustes et couvres sols qui créent un équilibre et une complémentarité entre elles. On peut y installer des plantes à haute valeurs nutritive (par ex : noyers, noisetier) indispensable à notre équilibre et autonomie alimentaire sur le long terme. Au fur et à mesure de son développement, il génère en grande partie sa fertilité. Les arbres remontent les minéraux du sous- sol et les rendent disponibles dans la litière, au bénéfice des végétaux à enracinement moins profond. Elle ne nécessite donc pas ou peu à terme d’apports d’engrais ou de compost et très peu d’intervention de l’humain. Il tient également un rôle important de brise vent indispensable sur notre terrain et favorise la création de microclimats au bénéfice de cultures annuelles comme le maraîchage. La participation des arbres à la purification de l’air et de l’eau, au maintien des sols et leurs fertilités, à sa décompaction, à la séquestration du carbone atmosphérique est indispensable à l’accueil de la biodiversité que nous souhaitons développer.

En 2020, nous avons planté plusieurs centaines d’arbres et arbustes sous forme de haies ou de parcelles densifiées. Un gros travail qui a pu être effectués grâce à vos dons, à la région wallonne et aux bénévoles qui ont participé très activement à la plantation. Même si à terme la forêt jardin tend vers l’autonomie, toutes ces plantations ambitieuses demandent du soin les premières années pour se développer: désherbage, mise en place de couvre-sols, densification en ajoutant de nouvelles plantes nécessaire à son équilibre et en remplaçant celles qui n’ont pas survécus, tailles, tondes, arrosage… .

Depuis l’automne 2020, nous travaillons à la mise en place d’un jardin-forêt sur le site. Voici les principaux éléments de sa création

L’implantation de la haie brise-vent

Le long de la clôture, au sud du terrain, sur près de 250m de long, en deux rangs. Pour se faire subsidier par la région wallonne, il nous fallait respecter leurs contraintes, à savoir :

– Choisir les variétés dans leurs liste.

– Respecter une distance de maximum 70 cm entre chaque plants.

– Respecter une distance de maximum 1,5m entre les deux rangs.

– Si nous voulions planter des fruitiers haute-tige dans la haie (et donc l’interrompre), la longueur des tronçons de haie ne pouvait être inférieur à 20m.

Côté sud, le long de la clôture, nous avons planté un rang de petits fruits (cassis, groseilles, framboises), en veillant à laisser une chemin confortable devant la clôture pour les récoltes.

Derrière ce premier rang, à 1,5m, un rang de feuillus principalement, qu’il nous faudra tailler, ce qui augmentera l’apport de matière organique sur site. Voici le liste :

– érable champêtre

– charme commun

– aubépine

– être commun

– troène

– aulne glutineux

– noisetier

– églantier

– bourdaine

– saule marsault

– érable sycomore

– saule des vanniers

– tilleul à petites feuilles

– cornouiller sanguin

– charme commun

– néflier

– pommier sauvage

L’implantation de la forêt

Le nom « Forêt de Luhan » déclare d’emblée cette volonté de vivre et cultiver « au milieu des arbres ». L’agroforesterie se réduit souvent à des plantations d’arbres en lignes, entrecoupées de bande de culture (souvent céréalière). Nous avons voulu développer le côté « organique » de la forêt, tout en maintenant le côté « productif » des cultures maraîchère.

Les premières cultures de l’humanité sédentarisée ont eu lieu dans des clairières forestières. Petit-à-petit, celles-ci se sont étendues jusqu’aux déserts agricoles que nous connaissons aujourd’hui et dont la Hesbaye reste un contre-exemple remarquable. A cet égard, n’est-il pas ironique que la politique agricole du « remembrement » des années ‘70, qui visait à rassembler de petits espaces de culture séparés le plus souvent par des haies, aboutissent aujourd’hui aux subsides publics pour replanter ces haies arrachées 50 ans plus tôt…

Cultiver au milieu des arbres est plus qu’un choix idéologique, c’est aussi un choix raisonné et pragmatique ; il n’est en effet plus à démontrer que la proximité symbiotique des arbres diversifiés agit sur la protection et la qualités des légumes/fruits (le réseaux mycorhiziens n’ayant d’autre limite que celle de la déforestation).

Dans une démarche de productivité maraîchère, il est des contraintes qu’il vaut mieux respecter. Comme la plupart des maraîchers en « culture intensive », nous avons fait le choix des planches de culture de 80cm de large (dont Jean-Martin Fortier reste le fer-de-lance). Leur rentabilité est optimale dans une orientation nord-sud. En terme de longueur, nous les avons alignées sur la longueur des serres (30m) pour des des raisons pragmatiques quant à la réutilisation des voiles protecteurs ainsi qu’aux calculs de planification des cultures.

A notre arrivée sur le site, nous avons aligné les planches de culture perpendiculairement à la légère pente est-ouest. Sauf que l’orientation nord-sud des planches n’est pas parfaite ; elles doivent pivoter de quelques degrés vers la gauche. Mais, comme les cultures de cet hiver sont toujurs en place, ce déplacement n’aura lieu qu’au printemps prochain (excepté pour les serres qui ont évidement été orientées parfaitement).

Selon les standard de l’agroforesterie, la distance minimale de culture en plein champs ente deux zones boisées est de 25m. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de définir 5 « plaques » de culture maraîchère de 25m de large sur 30m de long, séparées par des zones de « forêt ». Le visiteur pourra donc déambuler d’une « clairière » à l’autre en passant par des zones arborées (de l’ombre à la lumière…). Si nous voulions respecter un équilibre entre zones cultivées et zones arborées, il s’agissait d’augmenter la surface totale cultivée pour passer de 5000m² à 10000m². Voilà pourquoi nous ouvert une nouvelle parcelle de prairies que l’on cultivera dès le printemps, mais qui accueille déjà les premiers arbres. Sur l’ensemble du site, nous avons planté 3000m² d’arbres et arbustes, dont 30 haute-tiges subsidiés par la région wallonne, auquel s’ajoute les 5000m² de maraîchage. Reste 2000 m² à planter dans les prochaines années…

Nous avons choisi des variétés fruitières classiques, mais également des espèces moins connues, originaires de pays lointains au climat semblable au nôtre. Certaines variétés sont un peu expérimentales quant à leur adaptabilité, mais répondront peut-être bien aux variations climatiques auxquelles nous assistons. En voici la liste